Biographie Ibn Tofail

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Ibn Tofail (1100-1185 / 494-581)

Le nom de ce savant prestigieux est Abou Bakr Mohamed Ben Abdelmalek Ben Mohamed Ibn Tofaïl Al Qaïsi en référence à la tribu arabe des Beni Qaïs, famille originaire d’Arabie. Il est aussi désigné par plusieurs pseudonymes en référence aux lieux où il séjourna : Al Andaloussi (L’Espagnol), Al Qortobi (L’habitant de Cordoue), Al Ichbili (L’habitant de Séville). 

Ce savant naquit à Oued Aïch (aujourd’hui Guadix), probablement dans l’intervalle des dix premières années du XIIe siècle. Cette petite ville, où il passa vraisemblablement les premières années de sa vie, est située à une soixantaine de kilomètres au Nord-est de Grenade, au milieu d’une haute plaine très fertile. Malgré qu’Ibn Tofaïl ait été à l’origine de la compilation de l’essentiel du Patrimoine de l’humanité en matière de rationalité, peu de choses sont vraiment connues sur son autobiographie, en particulier sur sa famille, sur son enfance et sur sa jeunesse. Toujours est-il que l’élégance et la pureté de son style, son savoir encyclopédique, reconnu par les plus éminents de ses contemporains, laissent deviner l’étendue et la solidité de ses savoirs et expériences. Il possédait des connaissances exhaustives dans tous les domaines scientifiques de son temps, en particulier en médecine, en philosophie et en astronomie. Il devint alors l’un des philosophes les plus remarquables parmi les savants de l’Andalousie. Il se rendit célèbre comme médecin, mathématicien, astronome, philosophe et poète.


Au commencement, Ibn Tofail eut les honneurs à la cour des Almohades et occupa plusieurs fonctions d’importance. Après avoir exercé les fonctions de secrétaire auprès du gouverneur de Grenade et de secrétaire à la cour de l’Emir Abou Saïd, gouverneur de Tanger et fils du fondateur de la dynastie Almohade, il fut finalement nommé vizir et médecin rattaché à la personne d’Abou Yaakoub Youssef, second Calife/Roi de la dynastie des Almohades (ayant régné de 1163 à 1184).


En digne héritier des pionniers de la Maison de la sagesse et tirant profit de son intimité avec le calife/roi Youssef, Ibn Tofaïl continua de porter le flambeau du développement des savoirs. Il attira des savants illustres à la cour dont le célèbre Ibn Rochd (Averroès). Le calife/roi Youssef, passionné par les œuvres des anciens, exprima le vœu qu’un savant talentueux, versé dans les œuvres d’Aristote et des philosophes rationalistes musulmans, en réalise une analyse intelligente et claire. Sachant son âge avancé et ses nombreuses occupations auprès de la cour, l’empêchant de s’en charger lui-même, ce fut alors une décision mémorable pour Ibn Tofaïl de charger Ibn Rochd de réaliser l’une des œuvres les plus magistrales du Patrimoine universel de l’humanité. L’historien Emile Dermenghen apporte le témoignage suivant : « Ibn Tofaïl, qui fut médecin, secrétaire et vizir à la cour Almohade, est l’un des penseurs qui eurent une action décisive sur les destinées intellectuelles de l’humanité occidentale. Ce fut lui qui présenta Ibn Rochd (Averroès) au calife Abou Yaacoub Youssef et transmit au philosophe le conseil d’entreprendre le grand commentaire (d’Aristote) »


Parmi ses innombrables œuvres, Il convient de citer celles authentifiées ci-après :

 

  • « Murajaat wa Mabahith » (Examens et recherches) effectués conjointement avec Ibn Rochd, dans « Rasm al-Dawaa », compilé par Ibn Rochd dans son livre « Al-Kulliyat »

  • « Urjuzah fil Tibb » (Poème en médecine) : conservé encore à la bibliothèque de l’Université Al Qaraouiyine, à Fès, au Maroc

  • « Rissalat fil Nafs » (Traité sur l’âme) en philosophie

  • « Hayy Ibn Yaqdhan », son ouvrage le mieux connu : un roman philosophique où il expose ses idées essentielles sur fond narratif, dans une tentative visant à concilier la religion avec la philosophie. Ce roman fut connu de l’Occident dès le XVIIe siècle et traduit en plusieurs langues, notamment le latin, l’hébreu, l’anglais, le français, l’allemand et le néerlandais.

Ibn Tofaïl mourut à Marrakech en 1185 laissant à la postérité des héritiers et des travaux de renom. Le calife/roi Yaakoub, surnommé Al Mansour, qui était monté sur le trône l’année précédente assista à ses funérailles.